Dépôt de bilan pendant arrêt maladie : est-ce légal ?

5 septembre 2025
Auteur : Rémi Guérin

Le dépôt de bilan pendant un arrêt maladie soulève une double problématique délicate : comment concilier votre protection liée à l’état de santé avec la procédure collective engagée par votre employeur ? Cette situation, bien que rare, est source d’inquiétudes intenses pour les salariés, confrontés à la fois à une fragilité physique et à une incertitude professionnelle majeure. Il est essentiel de comprendre que même si votre contrat de travail est suspendu par l’arrêt maladie, il n’est pas à l’abri d’une rupture, notamment dans le cadre d’une faillite ou d’une liquidation judiciaire. Ce guide complet vous dévoile dans le détail vos droits en 2025, des garanties financières assurées par l’AGS aux obligations du liquidateur judiciaire, avec toutes les démarches indispensables à connaître pour préserver votre stabilité et votre avenir.

Le cadre juridique du dépôt de bilan lors d’un arrêt maladie : suspension du contrat et risques de licenciement

Lorsque votre employeur engage une procédure collective, comme un dépôt de bilan, votre contrat de travail subit un impact juridique spécifique, surtout si vous êtes en arrêt maladie. En effet, l’arrêt maladie suspend formellement le contrat, toutefois, il ne constitue pas une barrière infranchissable contre un licenciement pour motif économique. Cette distinction est importante car elle souligne que la protection liée à votre état de santé évite uniquement les ruptures discriminatoires, pas celles fondées sur des difficultés économiques réelles de l’entreprise.

Le licenciement économique reste donc possible, à condition que l’entreprise ne puisse plus assurer la continuité de votre poste. Par exemple, cette situation se présente fréquemment lorsqu’une entreprise en liquidation judiciaire doit réduire drastiquement ses effectifs. Récemment, l’exemple d’une PME dans le secteur de la restauration à Lyon a montré comment plusieurs salariés en arrêt maladie ont vu leur contrat suspendu avant d’être licenciés pour liquidation, alors que le tribunal désignait un liquidateur judiciaire pour gérer la procédure.

Les motifs autorisés et ceux strictement interdits

  • Motifs autorisés : liquidation judiciaire avec cessation d’activité, difficultés économiques sérieuses et objectives, impossibilité de maintenir le salarié à son poste.
  • Motifs interdits : licenciement lié exclusivement à l’état de santé, discrimination fondée sur la maladie, rupture sans respecter les procédures légales réglementaires.

L’ensemble de ces règles permet d’éviter les abus. Par exemple, un salarié récemment souffrant d’une pathologie reconnue a contesté un licenciement en faisant valoir que son arrêt maladie était le seul motif invoqué par l’employeur. Le conseil des prud’hommes a alors jugé le licenciement abusif, démontrant la rigueur du droit du travail en la matière.

Le rôle du liquidateur judiciaire dans la procédure

Dès l’ouverture de la liquidation judiciaire, le liquidateur devient l’interlocuteur unique du salarié. Il a la responsabilité de gérer les aspects administratifs liés à la rupture des contrats et doit notifier celle-ci par lettre recommandée avec accusé de réception. Cette notification doit mentionner clairement le motif économique et la date d’effet, généralement dans les quinze jours suivant la décision du tribunal.

C’est cette formalité qui déclenche vos droits auprès de l’AGS et sécurise la suite des indemnisations. En 2025, cette étape s’avère cruciale puisque de nombreuses PME traversent des difficultés, comme nous le mentionnons dans notre article sur la liquidation judiciaire guide 2025.

Événement Responsable Délai Impact sur le salarié
Ouverture liquidation judiciaire Tribunal de commerce Immédiat Nomination liquidateur
Notification rupture contrat Liquidateur judiciaire 15 jours après jugement Droit au licenciement économique
Transmission dossier à AGS Liquidateur Quelques jours après notification Déclenchement garantie indemnités
découvrez si un dépôt de bilan est légal pendant un arrêt maladie. informez-vous sur vos droits, les démarches à suivre et les risques encourus en cas de cessation d'activité durant un arrêt médical.

Garanties financières et droits aux indemnités pendant la procédure collective

Un des principaux soucis des salariés en arrêt maladie confrontés à un dépôt de bilan est la sécurisation de leurs indemnités. Contrairement à une idée répandue, vos indemnités journalières de la Sécurité sociale ne cessent pas avec la déclaration de faillite de votre entreprise. Elles sont maintenues tant que vous êtes médicalement en arrêt de travail, indépendamment de votre contrat. Pour bénéficier de ce droit, il est impératif de transmettre à la CPAM toutes les attestations d’arrêt maladie rapidement et en bonne forme.

En parallèle, plusieurs indemnités liées à votre contrat de travail sont garanties par l’Association pour la Gestion du régime de garantie des créances des Salariés (AGS). Cette structure intervient automatiquement lors de la liquidation judiciaire pour couvrir :

  • Les indemnités légales de licenciement
  • L’indemnité compensatrice de préavis
  • L’indemnité compensatrice de congés payés
  • Les salaires impayés

Ce mécanisme permet de pallier la défaillance financière de l’entreprise afin d’éviter que le salarié ne soit privé des sommes qui lui sont dues. Le liquidateur judiciaire doit transmettre à l’AGS un relevé complet des créances salariales à régler. Le versement est ensuite effectué sous quatre à six semaines, délai pendant lequel il est conseillé au salarié de conserver tous ses justificatifs (contrat, bulletins de salaire, notification de licenciement).

Type d’indemnité Calcul Organisme payeur
Indemnité légale de licenciement 1/4 mois par année d’ancienneté, 1/3 au-delà de 10 ans AGS
Indemnité compensatrice de préavis Durée légale suivant ancienneté AGS
Indemnité compensatrice de congés payés Congés acquis non pris AGS
Salaires impayés Montant exact selon créances AGS

Démarches administratives à suivre pour préserver vos droits durant un dépôt de bilan

Pour sécuriser vos indemnités et la continuité de vos droits, il est indispensable d’agir rapidement en cas de dépôt de bilan durant un arrêt maladie. Voici les démarches indispensables qui protègent votre situation :

  • Informer immédiatement votre CPAM de la rupture du contrat en transmettant la lettre recommandée de licenciement.
  • Continuer à envoyer vos arrêts de travail dans les délais prescrits pour maintien des indemnités journalières.
  • Contacter le liquidateur judiciaire et lui fournir tous vos documents médicaux et contractuels (contrat de travail, arrêt maladie, bulletins de salaire).
  • Préparer un dossier complet en cas de difficulté afin de saisir des recours, notamment auprès du conseil des prud’hommes.
  • Consulter les ressources en ligne pour approfondir les démarches, telles que les guides dédiés à la liquidation judiciaire ou aux démarches notariales qui peuvent parfois s’avérer complémentaires.

Cette organisation précise vous permet de garantir la protection du salarié face à la complexité administrative qui accompagne souvent la faillite.

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Les recours en cas de difficultés et erreurs

Si les versements sont retardés ou si le liquidateur omet de vous notifier votre licenciement, plusieurs recours sont possibles :

  • Saisir le conseil de prud’hommes territorialement compétent pour obtenir le versement des indemnités et la reconnaissance de vos droits.
  • Contactez le médiateur de l’Assurance Maladie en cas de blocage dans les indemnités journalières.
  • Alert­er le tribunal de commerce qui a ordonné la liquidation, notamment si le liquidateur ne respecte pas ses obligations.
  • Conserver tous les documents et communications, clé pour défendre efficacement votre dossier.

L’expérience d’un salarié à Marseille, resté sans indemnités plusieurs mois faute de transmission du dossier, illustre l’importance d’une réactivité juridique soutenue : avec l’aide d’un avocat, il a obtenu un jugement favorable qui lui a permis de percevoir toutes ses créances.

Protection spécifique du salarié malade face à la rupture du contrat en procédure collective

La protection spécifique du salarié en arrêt maladie passe par une double vigilance : éviter le licenciement lié à son état de santé et conserver le bénéfice des prestations sociales. Même si votre entreprise traverse une procédure collective telle qu’un dépôt de bilan, la médecine du travail continue de jouer un rôle essentiel dans l’observation du maintien ou non de votre aptitude au poste.

En cas de doute sur la rupture ou la proposition de reclassement, vous pouvez solliciter des avis médicaux indépendants pour montrer que votre état n’empêche pas l’adaptation à un autre poste, protégeant ainsi vos droits. Le droit du travail impose en effet un cadre strict pour prévenir toute forme de discrimination.

  • Le licenciement doit proscrire toute référence à votre arrêt maladie.
  • Le salarié handicapé bénéficie d’une protection plus avancée encore, avec priorité de reclassement.
  • Les ruptures doivent être motivées exclusivement par des raisons économiques et objectives.

Pour apprendre comment détruire vos documents personnels en sécurité lors d’une procédure sensible, vous pouvez consulter notre article sur la destruction sécurisée de documents.

Situation Effet sur le contrat Protection légale
Arrêt maladie Suspension du contrat Interdiction de licenciement lié à la santé
Dépôt de bilan Ouverture procédure collective Notification des licenciements par liquidateur
Licenciement économique Rupture du contrat Droits aux indemnités via AGS

Dépôt de bilan pendant arrêt maladie : est-ce légal ?

Découvrez les points clés entourant la procédure collective lorsqu’un salarié est en arrêt maladie, ses droits ainsi que les impacts légaux du dépôt de bilan.

Questions fréquentes pour mieux comprendre vos droits lors d’un dépôt de bilan en arrêt maladie

Puis-je être licencié durant mon arrêt maladie si l’entreprise dépose le bilan ?
Oui, sous réserve que le licenciement ne soit pas lié à votre état de santé. Le licenciement économique est une cause légale, même en arrêt maladie.

Mes indemnités journalières de la Sécurité sociale continuent-elles d’être versées ?
Absolument, elles sont maintenues tant que vous êtes médicalement en arrêt de travail, indépendamment du dépôt de bilan voire du licenciement.

Qui est responsable de la notification en cas de liquidation judiciaire ?
Le liquidateur judiciaire est chargé de vous notifier votre licenciement par lettre recommandée dans les quinze jours suivant le jugement.

Que faire si je ne reçois pas mes indemnités après le dépôt de bilan ?
Vous pouvez saisir le conseil de prud’hommes ou contacter le médiateur de l’Assurance Maladie pour des démarches rapides et efficaces.

Quelles sont les principales démarches à effectuer pour maintenir mes droits ?
Informer la CPAM de la rupture, continuer à transmettre vos arrêts de travail, contacter le liquidateur et conserver tous vos justificatifs.

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