La fermeture exceptionnelle imposée par un employeur soulève un grand nombre de questions touchant aux droits des salariés, au respect des règles du Code du travail, et à la gestion courante de la paie pendant ces périodes. Face à une situation imprévue ou à des contraintes économiques, l’employeur dispose d’un certain pouvoir pour décider d’une suspension temporaire d’activité. Toutefois, cette décision ne peut pas être prise à la légère : elle implique une communication claire et un respect strict des délais et procédures légales. Que se passe-t-il quand l’entreprise ferme sans anticipation ? Quelle est la portée juridique de cette fermeture ? Quels droits conservent les salariés en termes de congés payés, de rémunération, ou de recours en cas de désaccord ? Ce dossier s’attache à détailler les règles qui encadrent ces fermetures, en tenant compte des évolutions réglementaires récentes, notamment en matière de chômage partiel et de force majeure.
En pratiquant un dialogue social préalable avec les instances représentatives, et en informant soigneusement ses collaborateurs, l’employeur peut organiser une fermeture conforme au droit tout en limitant les risques de contentieux. Par ailleurs, en 2025, les dispositifs d’activité partielle restent des outils essentiels pour gérer les fermetures exceptionnelles sans impacter lourdement les salariés. Enfin, les salariés doivent connaître leurs droits afin de protéger leur rémunération et faire valoir leurs intérêts notamment en cas de refus de fermeture ou d’absence autorisée pour motif légitime.
Imposer une fermeture exceptionnelle : cadre légal et obligations de l’employeur
Dans le contexte du Code du travail, l’employeur dispose, dans le cadre de son pouvoir de direction, du droit d’organiser la fermeture exceptionnelle de son entreprise, que cela soit pour raisons saisonnières, économiques ou suite à des événements imprévus tels qu’une catastrophe naturelle. Cependant, ce pouvoir n’est pas absolu et doit respecter des conditions strictes, notamment en informant au préalable les salariés et en consultant le Comité Social et Économique (CSE) lorsque l’entreprise dépasse 50 salariés.
Par exemple, lors de la fermeture annuelle estivale ou pendant les fêtes de fin d’année, il est légal pour un employeur d’imposer la fermeture, à condition de ne pas dépasser 24 jours ouvrables consécutifs (soit environ 4 semaines). Cette fermeture doit être portée à la connaissance des salariés au minimum un mois avant l’arrêt effectif des activités. Le non-respect de ces conditions peut entraîner un licenciement pour faute ou encore une action en justice pour non-respect du contrat de travail.
Le dialogue préalable avec le CSE est donc essentiel. Par exemple, une entreprise de distribution en région parisienne a pu éviter un conflit social majeur en consultant son CSE deux mois avant une fermeture imposée pour des travaux de rénovation, en organisant ensuite la prise des congés payés dans le cadre légal et en proposant des solutions d’activité partielle pour les salariés ne bénéficiant pas de congés suffisants. Cette stratégie a contribué à une gestion fluide sans perte de salaire significative.
- Vérifier la convention collective ou les accords d’entreprise relatifs à la fermeture exceptionnelle.
- Veiller au respect des délais légaux : consultation du CSE minimum 2 mois avant la fermeture et information des salariés au moins 1 mois avant.
- Ne pas excéder 24 jours ouvrables de fermeture consécutifs sans compensation supplémentaire.
- Prendre en compte les éventuelles périodes fractionnées de fermeture (exemple : 4 semaines en août, 1 semaine en décembre).
- Considérer la mise en place de l’activité partielle en cas de suspension prolongée.
| Points Clés | Exigences Règlementaires |
|---|---|
| Consultation du CSE | Obligatoire 2 mois avant la fermeture pour entreprises >50 salariés (Art. L2312-8 C. trav.) |
| Information aux salariés | Au minimum 1 mois avant la fermeture effective |
| Durée maximale de fermeture imposée | 24 jours ouvrables consécutifs |
| Possibilité de fractionner la fermeture | Oui, sans dépasser 24 jours consécutifs |
| Sanctions en cas de refus salarié | Avertissement, sanction disciplinaire, voire licenciement pour faute grave |
Dans le respect de ces règles, l’employeur préserve le droit à la rémunération des salariés, y compris en période de fermeture, sauf cas particuliers liés à l’activité partielle ou aux absences non autorisées.

Droits des salariés pendant une fermeture : congés payés, rémunération et absence autorisée
Lorsque l’employeur impose une fermeture exceptionnelle, la question principale qui se pose est celle de la gestion des congés payés et du maintien du salaire. Le salarié conserve le droit à la rémunération s’il est en capacité de travailler avant la fermeture. Si la fermeture correspond à une prise de congés payés imposée, l’indemnisation s’effectue comme lors d’un congé classique.
Un cas que j’ai rencontré souvent est celui d’une PME du secteur informatique qui ferme chaque année une semaine entre Noël et le Nouvel An. En cas de refus de prise de congés par un salarié, l’employeur peut appliquer une sanction disciplinaire car ce refus est considéré comme un manquement aux obligations contractuelles.
Dans le cas où certains salariés n’ont pas acquis assez de jours de congés, plusieurs options existent :
- Proposer des congés par anticipation avec consentement écrit du salarié.
- Inviter à prendre un congé sans solde avec information sur les aides possibles pour congé non rémunéré comme celle proposée par France Travail.
- Aménager une solution de télétravail si l’activité le permet.
| Situation du salarié | Solution envisageable | Indemnisation |
|---|---|---|
| Congés payés suffisants | Prise normale de congés | Indemnité de congés payés classique |
| Congés payés insuffisants | Congés par anticipation ou congé sans solde | Selon situation, indemnisation partielle ou absence d’indemnisation |
| Période d’essai en cours | Prorogation de la période d’essai équivalente à la durée de la fermeture | Pas d’indemnisation spécifique |
L’employeur doit impérativement communiquer clairement à ses salariés la durée et les conditions de la fermeture. Une information par courrier recommandé, mail ou affichage demeure la meilleure pratique pour éviter tout litige ultérieur.
Cas concret : La fermeture d’une usine pour rénovation
Une usine automobile du sud de la France a été contrainte de fermer temporairement son site pour travaux de maintenance et mise à niveau des équipements. Après consultation du CSE et information des salariés, la direction a imposé la prise de congés payés sur la période de fermeture. Les salariés sans congés suffisants ont bénéficié d’une mise en activité partielle financée partiellement par l’État. Cette organisation a permis le maintien du salaire à 80% en moyenne pour les salariés concernés, un bon exemple d’adaptation conforme au droit et respectueuse des équipes.

La gestion du chômage partiel et de la suspension du contrat durant une fermeture
Dans certains cas, la fermetures exceptionnelle résulte de circonstances indépendantes de la volonté de l’employeur comme une crise sanitaire, une catastrophe naturelle, ou une perturbation majeure des approvisionnements. Ces cas, souvent qualifiés de force majeure, permettent la mise en place temporaire du dispositif de chômage partiel ou d’activité partielle.
Ce dispositif vise à compenser la rupture d’activité en versant une indemnisation aux salariés concernés, tout en soulageant financièrement l’entreprise. En 2025, la procédure reste très encadrée :
- Consultation préalable obligatoire du CSE sur le recours à l’activité partielle.
- Demande d’autorisation auprès de la DREETS dans un délai d’un mois suivant le placement en activité partielle.
- Versement par l’employeur d’une indemnité couvrant environ 60 % du salaire brut, soit 72 % du salaire net horaire.
- Possibilité pour l’entreprise de percevoir une allocation proportionnelle à 36 % du salaire brut versé au salarié.
Il est important de distinguer l’activité partielle d’une absence autorisée. En effet, pendant l’activité partielle, le contrat de travail est suspendu: le salarié ne travaille pas mais perçoit une indemnisation. Lors d’une absence autorisée (exemple : congés payés ou arrêt maladie), le contrat reste actif dans ses modalités habituelles.
| Aspect | Chômage partiel (activité partielle) | Absence autorisée |
|---|---|---|
| Contrat de travail | Suspension temporaire | Maintien |
| Rémunération | Indemnisation spécifique (60% brut) | Salaire normal ou indemnités maladie |
| Obligation de travail | Aucune | Selon contrat |
| Décision | Employeur + Autorité administrative | Employeur uniquement |
Pour rester informé sur les enjeux du dialogue social et du CSE dans la gestion des fermetures, consultez des ressources spécialisées comme les offres du CSE au Crédit Mutuel.
Recours possibles des salariés face à une fermeture exceptionnelle imposée
Le refus de se soumettre à une fermeture exceptionnelle imposée, notamment lorsque cela implique la prise de congés, engage des risques disciplinaires pour le salarié. Dans la pratique, ce refus est souvent considéré comme une absence non autorisée, susceptible d’entraîner un avertissement voire un licenciement pour faute grave.
Cependant, un salarié peut contester la fermeture dans certains cas :
- Si l’employeur n’a pas respecté les délais de communication et consulté les instances représentatives.
- Si l’imposition des congés viole les clauses d’un accord collectif ou la convention applicable.
- En cas de non-paiement des indemnités ou d’absence d’indemnisation.
- Si la fermeture est abusive ou discriminatoire.
Dans ce cadre, plusieurs voies de recours existent :
- Dialogue direct avec l’employeur pour négocier, éventuellement avec support syndical.
- Saisine du CSE ou du Comité d’Entreprise, s’il existe.
- Procédure devant le Conseil de Prud’hommes pour contester les sanctions ou conditions de fermeture dans les 12 mois suivant l’événement.
Un cas marquant dans une entreprise de services a abouti à un arrêt prud’homal confirmant le droit de l’employeur à fermer exceptionnellement tout en affirmant l’obligation d’indemniser intégralement les salariés pendant cette période sous peine de sanctions.
Nous invitons les salariés souhaitant approfondir leur compréhension sur la thématique à consulter cet article détaillé sur les droits du patron lors d’une vente d’entreprise, contexte pouvant induire une fermeture.

Fermeture exceptionnelle imposée par l’employeur : droits des salariés
Les bonnes pratiques pour anticiper et gérer une fermeture exceptionnelle en entreprise
La clé pour une fermeture imposée réussie réside dans l’anticipation et la *communication de l’employeur*. En planifiant suffisamment à l’avance, en respectant le dialogue social et en informant fortement les collaborateurs, on minimise le stress, les litiges et les impacts négatifs.
Voici quelques conseils tirés de mon expérience entrepreneuriale qui ont fait leurs preuves :
- Analyser les accords collectifs et conventions applicables avant toute décision, afin de respecter les règles internes déjà négociées.
- Impliquer les représentants du personnel dès l’identification du besoin de fermeture pour accueillir leurs suggestions et négocier les dates.
- Planifier les prises de congés en tenant compte des droits acquis et des besoins opérationnels.
- Miser sur la transparence et la documentation, en envoyant des notifications écrites, avec accusé de réception si possible.
- Proposer des alternatives, comme le télétravail pour les postes compatibles, pour limiter la suspension du contrat et maintenir une activité partielle.
| Étape | Action recommandée | Délai légal |
|---|---|---|
| Vérification conventions et accords | Recensement des clauses sur fermeture et congés | Avant décision |
| Consultation du CSE | Donner un avis formel sur la fermeture | Au moins 2 mois avant |
| Information des salariés | Notification des dates de fermeture | Au moins 1 mois avant |
| Organisation des congés | Imposition ou planification avec salariés | Avant la fermeture |
| Mise en place activité partielle | Demande officielle à la DREETS | Dans le mois suivant mise en chômage partiel |
Cette organisation préserve la confiance des salariés et réduit les risques juridiques. L’expérience prouve d’ailleurs que la qualité du dialogue au sein des équipes fait toute la différence en période instable.
Questions fréquentes sur la fermeture exceptionnelle imposée par l’employeur
Un employeur peut-il imposer la fermeture même si je n’ai pas assez de congés payés ?
Oui, il peut imposer la fermeture mais doit proposer des solutions comme des congés anticipés, congé sans solde ou télétravail si possible.
Que se passe-t-il si je refuse de prendre des congés lors d’une fermeture imposée ?
Votre refus peut être sanctionné, allant de l’avertissement au licenciement pour faute grave, sauf motif légitime.
La fermeture exceptionnelle est-elle toujours indemnisée ?
En général, oui si elle est imposée et que les congés payés couvrent la période. Sinon, en cas d’activité partielle une indemnisation spécifique est mise en place.
Quel délai l’employeur doit-il respecter pour informer les salariés ?
Au moins un mois avant la fermeture, et au moins deux mois pour la consultation du CSE si elle est requise.
Peut-on contester une fermeture imposée ?
Oui, auprès des prud’hommes si les procédures n’ont pas été respectées ou en cas d’abus.


